Tizzard’s Harbour, le 22 juin 1931

Monsieur,

J’ai reçu il y a quelques temps votre lettre me demandant de rédiger une déclaration décrivant mon expérience au Newfoundland Regiment. Je vais le faire du mieux de mes connaissances bien que je n’ai pas beaucoup de facilité pour écrire et, surtout, il est difficile pour moi de m’asseoir pour écrire ce que j’ai souffert pendant la guerre. Je me suis joint au Newfoundland Regiment en février 1915 et, dans la compagnie D, je suis parti de St. Johns en mars. Je fus l’un des premiers à débarquer dans les Dardanelles, ce merveilleux jour en août ou le 1er septembre, juste avant le point du jour. Le capitaine de la compagnie, le Capitaine March, qui nous commandait, était très aimé de tous ses hommes.

Quand le jour a percé, les Turcs ont commencé à nous bombarder, un grand nombre de nos hommes étant tués ou blessés. Nous y avons passé un certain temps, là et à Suez, où les conditions étaient très difficiles. En 1916, nous étions en France et, le 29 juin 1916, je faisais partie du groupe de 50 hommes qui ont participé au raid sur les tranchées allemandes à Beaumont-Hamel, le Capitaine Butler étant en charge pendant cette nuit terrible pendant laquelle nous avons réussi à atteindre le front allemand, où nous nous sommes battus comme des lions. J’ai entendu les hurlements des Allemands quand ils nous ont entendu venir. Le 1er juillet, c’était très pénible. Les balles sifflaient partout et, alors que je me trouvais à quelques centaines de mètres des lignes allemandes, une balle a pénétré mon poumon droit. À ce moment‑là, j’ai pensé que tout était perdu, avec vingt bombes Mills sur moi, j’étais tombé à terre, les balles se croisant autour de moi. C’était épouvantable mais j’ai gardé mon sang‑froid et la première chose que j’ai faite, ce fut de me débarrasser des bombes que j’ai repoussées de mon cou. À ce moment‑là, je saignais beaucoup, la plupart du sang jaillissant de ma bouche à cause de ma respiration. J’ai compris que si je restais là, j’allais mourir. Alors, j’ai commencé à retourner vers les tranchées, me propulsant d’un bras, car je ne pouvais pas utiliser mon bras droit, et les balles frappant le sol autour de moi un peu partout. Un peu plus tard ce jour‑là, j’ai regagné nos tranchées et juste alors que je me hissais dans la tranchée en roulant, le Capitaine Summer est venu à mon aide. Nos tranchées étaient pleines de soldats morts ou blessés. Le Capitaine Summer m’a aidé à regagner notre tranchée, s’est placé derrière moi et me soutenant par les aisselles, m’a aidé à atteindre une casemate où la Croix‑Rouge m’a soigné. Je ne me souviens plus de rien jusqu’à l’aube du lendemain. J’étais en chemin vers l’hôpital de Roughn, où pendant douze jours, j’ai été placé sur la liste de cas de perméabilité, plus mort que vif. Une fois que j’ai été retiré de cette liste, j’ai été envoyé en Angleterre, à l’hôpital de Wandsworth, où le médecin m’a dit que j’avais eu de la chance, la balle ayant transpercé mon corps de chaque côté du point d’entrée. En février 1917, je suis retourné au front où j’ai passé des moments terribles. Le 14 avril, j’ai été fait prisonnier et c’est environ il y a un an que j’ai écrit une déclaration concernant ceci. Si vous désirez voir ma déclaration, vous pourriez l’obtenir auprès de ministère de la Justice.

J’espère que ceci vous aidera dans votre travail si important.

Bien à vous,

Arthur F. Osmond.

Source : The Rooms, Archives provinciales, St. John's (T.-N.-L.)

Retour aux documents    

 

Régiment   Bataille   Histoires des Soldats/Familles   Information Supplémentaire   Commémoration

Éducation   Remerciements   Liens   Contactez-nous   Copyright   Accueil